EN | DE
Merci dâavoir contribuĂ© Ă notre campagne de science participative! Nous sommes vraiment reconnaissant envers chaque personne qui nous a aidĂ© en Ă©valuant des emojis et, maintenant que la pĂ©riode dâenquĂȘte est terminĂ©e, nous sommes heureux de partager un peu plus dâinformations sur ce que nous avons fait ! Dans ce premier post, nous avons voulu donner un aperçu de ce qui sâest passĂ© en coulisse, notamment les rĂ©flexions et dĂ©cisions qui ont menĂ© Ă la rĂ©alisation de notre enquĂȘte telle que vous lâavez vue.
Lâobjectif de notre projet est dâexaminer les phĂ©nomĂšnes dâaccommodation dans lâutilisation des emojis, en dâautres termes : comment adaptons-nous les emojis que nous utilisons, mais aussi comment et quand nous les utilisons ? Plus prĂ©cisĂ©ment, nous souhaitons nous pencher sur le contexte multilingue de la Suisse, afin de pouvoir examiner les pratiques de conversation numĂ©rique du pays, et de les comparer entre les langues. Nous avons donc utilisĂ© des messages WhatsApp suisses (tirĂ©s du corpus Whatâs Up Switzerland ?, sur lequel vous pouvez trouver plus dâinformations ici), en nous concentrant sur des donnĂ©es en français et en suisse allemand, pour des raisons surtout pratiques.
Afin dâanalyser les tendances principales dans lâutilisation des emojis, et dâexaminer lâĂ©volution de leur utilisation au fil du temps, il est nĂ©cessaire de se pencher sur chaque emoji et de rĂ©pondre Ă une sĂ©rie de questions liĂ©es Ă son utilisation dans son contexte. Cela nâest bien sĂ»r pas faisable lorsquâon travaille avec des centaines de conversations WhatsApp, et surtout dans une Ă©quipe de 7 personnes, dont tous les membres ne comprennent pas toutes les langues ou dialectes dans les conversations. Nous avons donc dĂ©cidĂ© dâouvrir le projet et dâinviter la population suisse Ă contribuer et Ă nous aider en Ă©valuant les emojis. Ătant donnĂ© que les informations dont nous avons besoin concernant les emojis sont basĂ©es sur la comprĂ©hension des messages et sur lâinterprĂ©tation gĂ©nĂ©rale des emojis, il sâagissait dâune Ă©tude parfaite pour une approche de science âparticipativeâ ou âcitoyenneâ. , Les personnes qui Ă©valuaient les emojis nâavaient en effet pas besoin dâavoir une formation spĂ©cifique et devaient simplement ĂȘtre capables de comprendre les messages.
Cependant, lâun des principaux dĂ©fis consistait Ă dĂ©terminer comment sâassurer que ce que nous demandions aux âscientifiques citoyensâ Ă©tait, avant tout, facile Ă comprendre et Ă mettre en Ćuvre dans le contexte de lâutilisation des emojis. Nous devions Ă©galement nous assurer que cela pouvait se traduire dans des modĂšles et une terminologie que nous pourrions utiliser dans notre analyse et dans notre travail interdisciplinaire. Et vice-versa : les termes propres Ă nos domaines de recherche devaient ĂȘtre rendus comprĂ©hensibles pour que les Ă©valuations obtenues correspondent prĂ©cisĂ©ment Ă notre interprĂ©tation. Ainsi, des termes techniques comme âarousalâ et âvalenceâ ont Ă©tĂ© traduits et formulĂ©s en âintensitĂ©â et âpositivitĂ©â, car nous les jugions plus faciles Ă comprendre. Mais Ă partir de lĂ , dâautres discussions ont Ă©mergĂ© : comment les Ă©valuer ? Sur une Ă©chelle de 1 Ă 10 indiquant Ă quel point lâemoji est positif ? Ou sur une Ă©chelle de 5 points allant du nĂ©gatif au positif ? Et aussi, quel est le contraire dâintense ? AprĂšs discussion, nous avons choisi le terme âcalmeâ, bien quâil ne corresponde pas parfaitement (si vous pensez Ă un meilleur terme, nâhĂ©sitez pas Ă nous contacter et Ă partager vos idĂ©es !)
Comme vous pouvez lâimaginer, avec 600 conversations WhatsApp, toutes plus ou moins longues, et contenant toutes des emojis, il aurait Ă©tĂ© difficile dâen Ă©valuer la totalitĂ©. Dâautant que, comme les emojis sont si variables dans leur signification et leur interprĂ©tation dâun individu Ă lâautre, nous voulions que plusieurs personnes notent chaque emoji. Par consĂ©quent, il Ă©tait vraiment impossible de faire Ă©valuer tous les emojis. Nous avons donc dĂ» nous limiter Ă un Ă©chantillon dâentre eux. Mais sur quelle base les sĂ©lectionner ? La premiĂšre approche a Ă©tĂ© de nous limiter Ă des conversations WhatsApp correspondant Ă certains critĂšres bien prĂ©cis. Puisque nous nous intĂ©ressons Ă la façon dont les gens adaptent leur utilisation des emojis, nous avions besoin de conversations suffisamment longues pour quâon ait une chance dâobserver une adaptation Ă long terme. Nous avons Ă©galement sĂ©lectionnĂ© des conversations en français et en suisse allemand pour lesquels nous disposions dâinformations dĂ©mographiques sur les participants : il est possible en effet que des tendances sous-jacentes se dĂ©gagent en fonction du genre, de lâĂąge ou dâautres caractĂ©ristiques des participants.
Ensuite, nous avons essayĂ© de trouver une situation de communication qui pourrait servir deux objectifs. PremiĂšrement : cette situation devrait apparaĂźtre assez frĂ©quemment dans une conversation WhatsApp et ĂȘtre suffisamment limitĂ©e pour quâon puisse conclure Ă la prĂ©sence de phĂ©nomĂšnes dâaccommodation lorsquâil y en a. DeuxiĂšmement : cette situation devrait ĂȘtre suffisamment claire hors de tout contexte pour que nos scientifiques citoyens soient en mesure de comprendre et Ă©valuer lâutilisation des emojis ? AprĂšs quelques dĂ©libĂ©rations et peut-ĂȘtre une illumination, nous avons dĂ©cidĂ© de travailler avec les ouvertures de conversations : elles sont en effet suffisamment frĂ©quentes pour constituer une bonne quantitĂ© de donnĂ©es, et elles contiennent souvent des emojis. De plus, comme il sâagit du dĂ©but dâune conversation, les scientifiques citoyens devraient disposer de tout le contexte nĂ©cessaire pour comprendre ce qui se passe.
Cependant, il se peut, cher·Úre lecteur·trice, que vous ayez dĂ©jĂ relevĂ© un problĂšme, soit grĂące Ă votre considĂ©rable expĂ©rience des messages instantanĂ©s, soit parce que vous avez rĂ©flĂ©chi Ă ces critĂšres de sĂ©lection. Ce qui est bien avec ces messages, câest que nous pouvons avoir des conversations Ă©crites beaucoup plus rapides que si nous devions attendre des lettres ou mĂȘme des e-mails. Toutefois, ces messages ne sont tout de mĂȘme pas aussi rapides et instantanĂ©s que dans une conversation orale. Il y a toujours du temps qui sâĂ©coule entre les messages et ce temps ne correspond pas toujours Ă la fin ou au dĂ©but dâune conversation. VoilĂ donc un dĂ©fi auquel nous avons dĂ» faire face. Parfois, de nouvelles conversations commencent aprĂšs un court laps de temps, et parfois une seule conversation peut sâĂ©tendre sur plusieurs jours avec de longues pĂ©riodes dâinactivitĂ© entre les messages. Et chaque fois que cette conversation unique sâagrandit dâun nouveau message, mĂȘme si câest des heures ou des jours plus tard, il sâagit dâune autre rĂ©ponse, et non du lancement dâune nouvelle conversation. Alors, comment sây prendre ? Nous avons conclu quâil nây avait pas de maniĂšre parfaite de rĂ©soudre ces problĂšmes, et nous avons dĂ©cidĂ© dâutiliser la rĂšgle dâune coupure de 2 heures : Ă chaque fois quâun nouveau message a Ă©tĂ© envoyĂ© aprĂšs au moins 2 heures dâinactivitĂ© et quâil y avait au moins un emoji dans les 7 messages suivants, nous avons considĂ©rĂ© cette sĂ©quence comme une ouverture de conversation. La prochaine coupure dâau moins 2 heures avec un emoji dans les 7 messages suivants constituait lâouverture de conversation suivante. Et ainsi de suite !
Une fois que nous avons choisi comment procĂ©der et sĂ©lectionnĂ© nos chats et ouvertures de conversations (nous nâallons pas entrer dans plus de dĂ©tails maintenant), nous avons mis en place lâenquĂȘte, et bam ! 452 utilisateurs ont Ă©valuĂ© un total de 643 captures dâĂ©cran dâouvertures de conversation, chaque capture dâĂ©cran Ă©tant Ă©valuĂ©e 6 fois ! Encore une fois, nous sommes trĂšs reconnaissants Ă tou·te·s les scientifiques citoyen·ne·s qui nous ont aidĂ©s et trĂšs heureux de partager ce que nous avons dĂ©couvert grĂące Ă vous ! Revenez prochainement pour en apprendre plus sur quels emojis sont utilisĂ©s de quelle maniĂšre, et plus encore !
Prochain poste: Quels sont les degrĂ©s de positivitĂ© et dâintensitĂ© des divers emojis?